Octroi des premiers agréments, mise en place du M-wallet et du groupement du paiement mobile marocain…Les contours du marché du paiement mobile au Maroc se dessine. 2020 sera l’année du démarrage effectif. Et les opérateurs s’activent pour dévoiler leurs produits et leur stratégie.
C’est une nouvelle ère qui commence pour les consommateurs marocains avec le lancement des nouvelles solutions de paiement mobile. Des solutions qui viennent pour renforcer l’inclusion financière de la population en intégrant plus de 60% de Marocains non bancarisés. L’objectif étant d’intégrer 6 millions de Marocains dans le circuit financier à l’horizon 2024 et le recrutement de 51.000 agents commerçants au terme de la cinquième année avec une ambition affichée de 1,3 Md de transactions en paiement mobile par an.
Lancé en 2018 par la Banque centrale et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications, le dispositif réglementant le paiement mobile avance à grands pas. La preuve, près de 18 agréments ont été octroyés à ce jour. Outre les banques (BPAY de la Banque populaire, dabaPay de BMCE Bank, Beztam-E du Crédit agricole du Maroc, So Pay de la Société Générale et WEPay de CIH Bank), plusieurs opérateurs ont eu le feu vert pour la création des filiales dédiées. Il s’agit par exemple, de Wafacash, Naps, Maroc Traitement de Transaction (M2T), Barid Cash, Fast Paiement, Maymouna Services Financiers, le Centre monétique interbancaire (CMI), en plus des opérateurs télécoms : Maroc Telecom, Inwi et Orange.
2019 a été charnière pour les différents acteurs afin de concevoir leur modèle et mettre en place leurs solutions. Certains ont déjà commencé à desservir d’autres sont en cours et ne tarderont pas à le faire dans les jours qui viennent. L’heure est à la présentation des différentes solutions proposées. Dernière annonce en date, celle d’Orange qui vient de lancer sur le marché sa novelle solution Orange Money. « Le Maroc devient ainsi le 18ème pays de la zone Afrique et Moyen-Orient d’Orange à offrir la solution de portefeuille dématérialisé », note l’opérateur. Et d’ajouter «Lancé en 2008, la solution de mobile money Orange Money permet à des millions de personnes exclues du système bancaire de pouvoir déposer, retirer, transférer et payer simplement depuis leur téléphone portable, en toute sécurité. 12 ans après, Orange Money continue d’enregistrer une croissance exponentielle. Le service est aujourd’hui disponible dans 18 pays. En 2019, 45 millions de clients ont fait confiance à cette solution et le montant des transactions effectuées par l’intermédiaire d’Orange Money a atteint 2,6 milliards d’euros ». Au Maroc,
« Orange Money offre la possibilité à chaque détenteur d’un téléphone portable, quel que soit son opérateur télécom, de disposer d’un porte-monnaie mobile adossé à son numéro de téléphone. La solution permet aux utilisateurs d’utiliser leur téléphone pour effectuer leurs transactions financières et payer à distance leurs recharges téléphoniques ou retirer l’argent de leur porte monnaie Orange Money dans les points de vente agréés par Orange Money Maroc », détaille l’opérateur.
Un autre acteur, qui a de fortes ambitions sur ce marché, est Maymouna Services Financiers, la filiale du groupe Saraya Holding. Cette dernière a lancé sa solution « Madmoun » en juillet 2019. Et pour frapper fort, elle s’est appuyée sur un partenariat avec la fondation Rawaj qui compte 208 points de vente actuellement. « l’objectif est de couvrir l’ensemble du territoire national et aller vers ces régions qui ne sont pas desservis par le réseau bancaire et sont donc non bancarisés. S’appuyer sur ce partenaire nous permet d’avoir une force de frappe sur le terrain pour faciliter l’accès à ces services financiers », explique Habiba Dassouli, DGA de Maymouna S. F. en charge des Partenariats, marketing et communication.
Salma Zaghloul, Directeur Finance et Support nous confie de son côté que
« d’autres partenariats sont en cours. Et les détails seront dévoilés lors d’une conférence de presse prévue le 19 mars prochain. Une occasion qui permettra aussi de révéler la marque et les détails de l’innovation ». Grâce à ce modèle, MSF prévoit comme l’annonce Khalid Alami, le Directeur général du Groupe, d’atteindre un total de 200.000 clients d’ici la fin de l’année avec uniquement le partenaire Rawaj. D’ailleurs depuis le lancement il y a près de 5 mois, les résultats semblent déjà satisfaisants. En chiffres, on note une conversion de 75% des clients de la fondation vers le « M-paiement », soit un taux satisfaisant pour le lancement. « Sur 5 prospects, 4 sont convertis en client madmoun et des centaines des clients son recrutés chaque jour », insiste Zaghloul.
Facteurs clés de succès
Aujourd’hui, comme le rappelle Habiba Dassouli, 120 % de la population dispose d’un mobile, 43,35 millions pour une population de 36 millions d’individus, 75% de la population dotée d’un smartphone avec 25 millions d’utilisateurs d’Internet. « Encore faut-il un travail de fond pour pousser les clients à adopter ce moyen de paiement surtout que la culture de cash a la peau dure au Maroc », déplore t-elle. Selon les statistiques de Bank Al Maghrib, on compte quelques 360.000 wallets en 2019.
Pour certains analystes, cela reste un très bon début compte tenu des conditions actuelles. «Ces résultats ne sont pas négligeables. Et on reste très optimiste pour les années à venir », affirme Khalid Alami. Et d’ajouter que «pour réussir ce pari et bannir le cash, il faut l’instauration de tout un écosystème pour encourager l’adhésion à la fois des consommateurs et des commerçants. Chaque acteur a un rôle à jouer dans ce sens ». C’est une véritable stratégie d’inclusion financière qui voit le jour aujourd’hui. Et pour dépasser le facteur psychologique, une campagne nationale de sensibilisation, d’éducation et de pédagogie est prévue. C’est l’une des missions du Groupement du paiement mobile marocain créé récemment. Ce Groupement permettra de divulguer ce moyen de paiement et de le commercialiser à travers le territoire national en créant un brand national de paiement mobile pour donner une forte impulsion à cette activité et instaurer la confiance des usagers.
Article paru le 17 Mars 2020 sur L’Obesrvateur.info